Aïeules (mythiques et généalogiques)

Il y a les aïeules généalogiques (celles enlacées aux racines de nos arbres) et les mythiques (plutôt les branches auxquelles on se raccroche). Aïeules nous parle aussi de transmission, de spiritualité, d’identité, alors en février, on a remonté dans le temps bien sûr, mais on s’est aussi demandé : quelle aïeule je veux être, et pour qui ?

Mamie Lucy

Certain.e.s des participant.e.s ont sortis la carte des homo sapiens sapiens tout de suite, à travers des romans (Demain les ombres de N. Michel) comme des essais (Mes ancêtres les gauloises de E. Thiebaut ou L’homme préhistorique est aussi une femme M. Patou-Mathis) pour éclairer notre vision (et nos préjugés) sur les aïeules. On a appris ensemble que l’aïeule commune à l’humanité était baptisée “Eve mitochondriale”, que longtemps les archéologues ont projeté leurs attentes de la féminité/masculinité sur des dépouilles tout en arme et en carrure (qui se sont révélées être celles de guerrières), que les menstruations sont devenues mensuelles lorsque que les peuples se sont sédentarisés, ont pratiqué l’agriculture consommé plus de céréales et ont commencé à posséder du territoire. Considérer le corps des femmes comme un territoire à protéger ou à conquérir en serait un prolongement. On a évoqué aussi “l’hypothèse de la grand-mère” qui expliquerait la survenue de la ménopause (rare chez les mammifères) et son bénéfice dans l’évolution de l’espèce. Et franchement, les mamies c’est vraiment un chaînon-clé non ?

Fossé générationnel ? …tyrolienne générationnelle

Banyan moon puis L’Art de perdre ont, à leur façon, ouvert la conversation sur les relations particulières qui unissent grand-mères et petites-filles. Comme si le fossé des générations avait un double pouvoir : celui d’éloigner mais parfois dans le même temps, d’adoucir les relations plus frontales mère/fille par exemple. On a parlé des difficultés à se comprendre par-dessus les fossés de générations, de langues ou de religions (mais aussi de l’amour qui trouve son chemin). ps : si tu cherches à apprendre des langues d’Afrique de l’ouest j’ai un super contact. On a partagé ce constat que les jeunes apprennent aussi aux vieilles : force est de constater que cette bd sur la charge mentale ou ces lectures d’horoscopes ont semé des graines et lancées des conversations inattendus.
Avec le roman d’Alice Zeniter ou celui baptisé Soleil Amer, on a évoqué la cynique “aide au retour” allouée sous conditions pour que les algériens, harkis notamment, retournent en Algérie. Né.e.s pour voyager au gré des vents, contraint.e.s d’être ballotés par des politiciens et des administrations 🙄

Les filiations sont un enjeu politique de longues dates : savoir qui est le père et conserver le patrimoine dans la famille, déraciner la culture indigène ou l’héritage anarchiste au coeur de l’enfant, peupler une colonie par une stratégie démographique…en sont autant d’expressions. Et pouvoir remonter le fil des générations peut se transformer en un vrai combat : c’est le cas pour les adopté.e.s internationaux (Une poupée en chocolat d’Amandine Gay) ou pour les grand-mères de la Place de Mai en Argentine qui réclament la vérité sur les disparitions durant la dictature de Pinochet, depuis plus de 40 ans et chaque semaine (cf. la bd Notes de bas de pages Nacha Vollenweider).
En coupant, entravant, confisquant les filiations avec les grands-parents on coupe aussi les individus d’une partie de la religion, des mythes et croyances et plus largement de la spiritualité qui leur revenait. Parce que ce sont les grand-parents qui souvent ont le temps et l’espace de le transmettre, ou parce qu’eux mêmes accèdent à un statut divin à leur mort selon les cultures. Et ce vide laissé (ou parfois ces secrets) est bien différent d’un héritage qu’on remet en question, parfois qu’on rejette et qu’on transforme à son tour.

Ecouter pour que les gens parlent

Au cours de nos discussions, les secrets et les silences sont apparus car ils peuplent nos bibliothèques autant que nos familles. Sans doute le silence des aïeul.e.s reposait sur l’idée que le trauma disparaitrait avec elleux. On sait aujourd’hui qu’il se transmet (pas systématiquement) par les gènes et durant nos conversations on s’est dit qu’il fallait 3 à 4 générations pour qu’il disparaisse. On s’est aussi posé la question de la responsabilité du silence : oui les vieux ne parlaient pas de la guerre ou de la déportation (par exemple), mais d’un autre côté, la société qui les a vu revenir leur a-t-elle posé des questions ?
C’est dans ces espaces vacants par les silences et les tabous que des arnaqueur.euses new-age de s’immiscent, avec leur solutions miracles, adossées à une définition très large de l’épigénétique ou du transgénérationnel (à ce sujet je conseille la série d’épisodes “Psychogénéalogie et constellations familiale” du podcast MétadeChoc).

Faire parler les générations c’est le projet de la jeune activiste belge et doctorante en socio-anthropologie Marie-Fidèle Dusingize. Elle propose des débat grandeur nature avec des parents africains afin de transmettre la culture (en dépit de l’exil) et libérer la parole.

Plutôt chêne ou gingembre généalogique

Dernièrement, j’ai entendu dans le podcast Tiroir caisse de SM Larouy l’idée de se figurer nos filiations non plus au travers de l’arbre mais au travers du rhizome. Prend le gingembre par exemple, il s’étend dans de multiples directions à la fois, évolue de façon horizontale à fleur de terre.
Cette métaphore végétale pourrait très bien illustrer les familles choisies, si chères au coeur des féministes. Familles choisies qui, bien sûr, ont éclot au fil de nos échanges et que tu peux retrouver dans La Biblio (la transition aux p’tits oignons)

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Agenda de mars

sur le thème “Hommage aux looseuses”
Les looseuses font souvent les meilleurs personnages. Mais surtout elles nous renseignent sur ce qui est "perdre" "rater" "échouer" selon ton genre, ton époque ou ton environnement.
Et cette loose en est-elle vraiment une avec le recul ?

Mercredi 12 mars au Bonjour madame
Paris 11e à 18h30

Dimanche 16 mars à La Régulière
Paris 18e à 14h30
(erratum et non 14h)

Dimanche 23 mars chez Un Livre et une tasse de thé
Paris 10e à 14h


ps : une date pour Tours en mars en cours de décision 🤫….

Cercles en ligne

Jeudi 20 mars à 20h - tarif unique et réduit 8€
avec Laurie du compte : (M)otherhood : devenir mère ou pas ?
un Cercle classique avec nos partages livresques + 20 dernières minutes où Laurie éclairera ce thème
à la lumière de son expérience et de son travail.


dans la prochaine newsletter : on votera pour les thèmes de avril, mai et juin

PS : J’ai quitté Spotify après avoir appris que l’entreprise avait versé 150 000$ pour l’investiture de Trump. En attendant de migrer la playlist des cercles sur Deezer, je te propose de charger les anciens épisodes sur ta plateforme d’écoute via ce lien. PS : j’ai pu récupérer la majorité de mes playlists gratuitement / facilement (sauf une erreur de manip’ pour la playlist des Cercles 😅).

Bonnes lectures d’ici là,
Marine

Cercles de Lectures féministes

Cercles de Lectures féministes

Par Marine B.

Un bookclub féministe avant-tout

Je m’appelle Marine Bourgeois Moyer et j’anime depuis janvier 2022 des Cercles de Lectures féministes : des rencontres à mi-chemin entre groupe de parole et bookclub. J’ai créé cet espace (d’écoute plus que de parole) pour offrir des conversations profondes, des endroits de réconforts et des moteurs dans nos parcours féministes.

Je suis une femme cis hétéra. J’habite dans le 93 après une enfance dans une ferme percheronne, à la croisée de la culture bourgeoise de mon père et populaire de ma mère.
J’ai étudié longtemps les sciences humaines et les lettres. Aujourd’hui je suis libraire.
Voilà. J’écris depuis là. Avec l’intention de faire circuler les merveilles de réflexions et d’adelphité que les Cercles font jaillir.

https://cerclesfeministes-bookclub.com/

photo Studio Majoa

A la fin du premier Cercle, une participante m’a posé cette question :

“Tu nous enverras les réf’ ?”

Cette envie de prolonger les Cercles c’est la matrice de cette newsletter et de son option payante : La Biblio. Chaque mois je te livre le nectar des Cercles et je relies par les mots les différentes rencontres du autour du thème du mois.

photo Studio Majoa

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