Chaque mois retrouve des pistes de réflexion sur une thématique féministes arpentée collectivement lors des Cercles. Et une bibliographie commentée et réjouissante pour lire sur le sujet !
Le fond du lit c’est à la fois, l’endroit des pieds froids, le cimetière des miettes de chips et un lieu à faire sien complètement. Refuge, sommeil, dépression, convalescence ou vie érotique sont autant de notions que le capitalisme dispute à ce temple du temps improductif.
Le fond du lit c’est à la fois, l’endroit des pieds froids, le cimetière des miettes de chips et un lieu à faire sien complètement. Refuge, sommeil, dépression, convalescence ou vie érotique sont autant de notions que le capitalisme dispute à ce temple du temps improductif. Et c’est ainsi qu’en un tour de main, l’innocente bavouille laissée sur ton oreiller devient politique ! Bim !
Assis·e sur un coin de lit, Pringles en main, tentons d’observer en féministe, la chambre autour de nous, et la notion d’intime à l’intérieur de nous. Est-ce qu’on possède le verrou de cette chambre ? La chambre à soi qu’évoque Virginia Woolf dans son essai, possédait un verrou, pour permettre à la magie créatrice d’opérer. Est-ce qu’enfant ou adolescent·e on possédait déjà un verrou (ou était-il seulement miniature, fixé sur un carnet secret) ? Question bonus : qu’est-ce que ça fabrique en soi de ne pas en disposer ? Dans une version adulte, on recherche parfois l’expérience d’une cabane suspendue, d’un bivouac, d’une caravane en fond de jardin pour se permettre le luxe de la vie privée vraiment privée, un instant, ou six ans d’affilé au nord du Canada comme Gabrielle Filteau-Chiba dans Encabanée.
Les Cercles de mai ont été l’occasion de partager quelques conseils et témoignages autour de la dépression, que l’on soit directement concerné·e ou proche d’une personne dépressive. Parmi les conseils échangés ressortaient la nécessité de la ténacité dans l’envoi de petits messages, d’invitations, de pensées envoyées, sans rien attendre en retour (et en déchargeant la personne d’avoir à répondre pour ne pas nourrir en plus de la culpabilité). Juste pour signifier que le fil qui vous relie est toujours là. Il y a eu aussi l’idée de s’inviter là où se trouve la personne dépressive (chambre, canapé) pour papoter, jouer aux cartes. Ou proposer de faire le ménage. C’est la bd C‘est comme ça que je disparais de Mirion Malle, qui nous a lancé sur cet échange, elle aborde la dépression sous l’angle de son impact dans les relations avec l’entourage. On précise toutefois que les dépressions prennent de multiples formes, dont certaines où les personnes sont très actives.
L’association Nightline propose aux étudiant·e·s 📞 une ligne d’écoute anonyme et d’entre-aide entre pairs, la possibilité d’accéder à des psy, des outils pour reconnaitre les signes d’une dépression ou des conseils pour aider un·e proche en détresse. leur site web
Une fois qu’on a répondu à qui a fait le lit, qui s’est rappelé de prendre une lessive hypoallergénique pour le plus petit et de lancer une machine pour laver les draps sur les heures creuses ? On peut se demander aussi, qui était autour de notre lit, aux petits soins quand on avait la fièvre ? Qui nous a “embecqué comme un petit moineau” comme on l’a fait pour Albertine Sarrazin, après qu’elle ait sauté par dessus le mur de sa prison dans L’Astragale ? Qui s’occupe des improductifs convalescents, se rendant à son tour improductif aux yeux de la société ? Souvent des femmes, des mères et des grandes sœurs. Et quel salaire mérite vraiment cette personne ? On peut regarder aussi qui se repose dans ce lit et quel type de fatigue sera jugée la plus valable entre celle du patron, de lae militant·e ou de la mère de famille ? Nous en sommes arrivés à glorifier la fatigue du premier et à accueillir la fatigue de la dernière par “tu l’as voulu alors pourquoi tu te plains ?” Comme le féminisme n’est ni une mode, ni une vague, mais un mouvement révolutionnaire global, elle peut s’emparer de toutes choses comme d’objet de réflexion. Même un simple lit finalement.
Au Moyen-Âge en France*, les nobles possédaient des lits à courtines (des rideaux) et parfois une chambre pour recevoir + une chambre pour dormir. C’était un lieu de sociabilité et un occasion d’étaler sa richesse au moyens de tissus luxueux et d’une ribambelle de parfums rares. L’Église avait alors un droit de regard sur ce qui s’y déroulait, qui pouvait partager un lit ou non. Un héritage qu’on est toujours en train de découdre. Aujourd’hui, même si le “devoir conjugal” n’apparait plus dans le contrat du mariage, la jurisprudence condamne parfois des conjoint·e “non pratiquant·e·s” comme le relaie Tal Madesta dans son livre Désirer à tout prix. Alors qu’on peut former un couple très heureux sans sexe et que l’asexualité est une identité sexuelle à part entière.
*Alors oui, “le moyen-âge” c’est vague et ça représente mille ans. Je te conseille la lecture d’ Au lit au Moyen-âge de Chiara Frugoni pour des infos plus précises. Fichtre !
Nos partages ont aussi été l’occasion de quelques très belles lectures de poèmes, ou de lettres passionnées et de romances. Dans ces fragments, le lit appartenait de nouveau pleinement à saon propriétaire. Le prêtre, la culpabilité, l’obligation à la productivité, la contrainte à la sexualité, la culpabilisation du repos, avaient été évacués soigneusement. Pour les découvrir demain, je t’encourage à t’abonner à l’option biblio (transition subtiiiile)
L’option biblio !
❤️🔥 Demain, reçois la bibliographie commentée des 24 livres qui nous ont reliés en mai ❤️🔥 Un excellent moyen de picorer des textes à défaut d’avoir le temps de lire ou de découvrir ton prochain livre préf’ qui sait…
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Agenda des mois à venir
LES VISIO Mardi 18 juin · 20h Dimanche 23 juin · 19h Mardi 9 juillet · 20h
EN PRÉSENTIEL
JUIN sur le thème “invisibles” Dimanche 9 juin · Librairie Majo 14h30 5/11 places PS : ce sera le jour des élections européennes 🗳️ VA VOTER ! Jeudi 13 juin · Flora Lit 19h 6/11 places Dimanche 23 juin · Un Livre et une tasse de thé 14h
PS : La prochaine fois que tu culpabilises de te reposer rappelle-toi : même les bourdons tapent des siestes !
ronfle-t-il ?
Bonnes lectures ! à bientôt Marine
Marine B.
Je m'appelle Marine et j'anime des Cercles de Lectures féministes. Ce sont des rencontres thématiques à mi-chemin entre le bookclub et le cercle de parole (parfaites pour celleux qui n'ont pas le temps de lire).
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